Page:Mirecourt - Lamartine.djvu/32

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Ce n’était plus ce pâle adolescent qui restait froid devant les angoisses d’une âme passionnée. Il comprenait toutes les ivresses, tous les délires ; mais il était écrit que le deuil impitoyable vengerait sur les joies présentes l’ignorance dédaigneuse et l’ingratitude involontaire du passé. La mort prit Elvire entre les bras du poète et l’emporta dans la tombe où Graziella dormait depuis cinq ans.

Un de ses bras pendait de la funèbre couche ;
L’autre, languissamment replié sur son cœur,
Semblait chercher encore et presser sur sa bouche
L’image du Sauveur.

Et moi, debout, saisi d’une terreur secrète,
Je n’osai m’approcher de ce reste adoré ;
Comme si du trépas la majesté muette
L’eût déjà consacré.

Je n’osai !… Mais le prêtre entendit mon silence,
Et, de ses doigts glacés prenant le crucifix :