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LE JAPON ET L’ISLAM

« Hâtons-nous de tout transformer. Le temps presse. Changeons les méthodes d’enseignement, enseignons les sciences profanes. Les riches égyptiens devraient se cotiser pour faire donner à l’élite d’El-Azhar une culture complète[1]. »

Le petit cénacle des Musulmans d’Angleterre s’occupe à son tour du Japon. Le Cheikh Abdullah Quiliam, Cheikh ul Islam des îles Britanniques et attorney, a fait, il y a quelques mois, au Cercle musulman de Liverpool, dont il est le président, une conférence sur les religions du Japon et les moyens de convertir ce pays à l’Islam. Le capitaine Sakamoto, commandant du cuirassé japonais Katori, aurait ensuite donné un dîner en l’honneur du cheikh et de son frère, le consul de Turquie[2].

II

Dans ces divers pays, le Japon apparaissait aux hommes religieux comme une sorte de nation musulmane en puissance, inconsciente encore de la source cachée d’où découlent ses vertus. Il n’en fallait pas plus pour que l’idée de sa conversion future se fît jour. Le vengeur inconscient de l’Islam en serait le chef redouté et fidèle, ou tout au moins celui qui conduirait les autres, quelque jour, à la victoire, pour assurer le règne sur la terre de la meilleure de toutes les religions. « Si le Japon pense devenir un jour une très grande puissance et faire de l’Asie la dominatrice des autres continents, écrivait un cheikh musulman au Morning Post, ce ne sera qu’en adoptant la religion bénie de l’Islam[3]. » Toute la presse musulmane consacre à ce projet autant d’enthousiasme que si l’imagination n’y avait

  1. Al-Liwâ, 17 juillet 1906.
  2. Ikdam, 25 mai 1906.
  3. L’Écho de Chine, 11 août 1906.