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LE JAPON ET L’ISLAM

III

Une des causes des succès inattendus du Japon dans la dernière guerre a été le souci constant d’une préparation méthodique basée sur un merveilleux service d’observation. Quelles que soient ses secrètes ambitions d’avenir, on voit que le Japon continuée se tenir minutieusement au courant de tout ce qui se passe en dehors de ses îles. Non seulement la Chine, l’Indo-Chine, le Siam sont continuellement parcourus par ses agents, ou habités par quelques-uns de ses nationaux qui ont toujours les yeux ouverts sur tous les faits ; mais aussi l’Inde, l’Europe et l’Amérique sont l’objet d’enquêtes incessantes, donnant lieu à de précieux rapports qui affluent à Tokio.

Le monde musulman ne fait pas exception.

Les Japonais, souvent fort sceptiques en matière de religion, sont néanmoins trop bons observateurs pour ignorer l’importance des croyances religieuses et tout l’avantage qu’en peuvent retirer ceux qui savent les flatter. Depuis leurs victoires, ils ne cessent d’envoyer en Chine, dans la région du Fou Kien en particulier, quantité de bonzes chargés de propager, avec le bouddhisme qu’on v trouve déjà d’ailleurs, l’admiration du Japon fort, victorieux, progressif. De temps en temps, les journaux chinois relatent des représentations faites par le gouvernement de Pékin au Japon, au sujet de l’action envahissante de ces bonzes, du refus de construire des pagodes. Dernièrement encore, quelques difficultés s’élevèrent au sujet de l’édification d’une pagode japonaise à Pékin même.

Quand les dirigeants japonais constatèrent le mouvement sympathique provoqué dans l’Islam par leurs succès, ils se mirent en demeure de l’exploiter. Au Japon même, on comptait fort peu de musulmans. On n’y trouvait guère qu’un petit groupe d’Hindous et de Chinois, fort unis d’ail-