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AGA KHAN

de Méhélat, dans le district de Qoum, entre Ispahan et Téhéran.

Le Seyyd Kehki, tué en 1817, pendant un séjour temporaire à Yezd, avait, de son vivant, une influence toute puissante sur de nombreux fidèles qui le vénéraient comme leur Khalife, comme Imâm, et l’adoraient presque. Il venait alors à Kehk des Ismaéliens du Gange et de l’Indus, pour recevoir la bénédiction du maître, en lui apportant de riches tributs[1]. La situation du saint était telle, à sa mort, que le souverain de la Perse Fath ’Alî Chah, craignant la vengeance des Ismaéliens, punit sévèrement les coupables et donna au jeune Aga Khan, le nouvel Imâm, les districts de Qoum et de Méhélat. En même temps, il lui accordait la main d’une de ses filles[2].

Né à Méhélat, le fils et héritier de Chah Khaliloullah est connu sous le nom de Aga Khan Méhélati. En 1829, il avait envoyé un agent à Bombay pour réclamer aux Ismaéliens de la ville le tribut annuel que tous ne versaient pas, leur communauté étant divisée en branches, dont une seule le reconnaissait pour Imâm. Il s’agissait d’une somme de 250.000 francs[3]. Ce chiffre suffit à expliquer les résistances qui se produisirent. Elles allaient aboutir à un dénouement imprévu.

Disons tout d’abord qu’en 1838, l’Aga Khan se révoltait dans le Kirman, contre le grand-Vizir, employé autrefois à son service, puis favori du Chah, et qui n’avait pas craint de prétendre à la main de la fille de son ancien maître, avec l’appui du souverain. Après deux années de luttes, il dut quitter la Perse et se réfugier dans le Sindh, où les Khodjas Nizariens le reçurent avec enthousiasme. Pendant la guerre de l’Afghanistan, il fournit à ses frais un

  1. Ibid., p. 377.
  2. Ibid., p. 385.
  3. Ibid., p. 380.