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RECHERCHES SUR L’ISOLEMENT DU FLUOR.

recueilli était un mélange d’air, de chlore et d’acide fluorhydrique dont les propriétés se modifiaient suivant la durée de la préparation.

Les frères Knox se plaignirent aussi beaucoup de l’action de l’acide fluorhydrique sur les voies respiratoires, et à la suite de leurs travaux l’un d’eux rapporte qu’il a été forcé de passer trois années à Naples et qu’il en est revenu encore très souffrant. Quant à Louyet, entraîné par ses recherches, il ne prit pas assez de précautions pour éviter cette action irritante des vapeurs d’acide fluorhydrique, et il paya de sa vie son dévouement à la Science.

Les publications de Louyet ont amené M. Fremy à reprendre, vers 1850, cette question de l’isolement du fluor[1]. M. Fremy étudia d’abord les fluorures métalliques ; il démontra l’existence de nombreux fluorhydrates de fluorures, indiqua leurs propriétés et leur composition. Puis il fit réagir un grand nombre de corps gazeux sur ces différents fluorures ; l’action du chlore, de l’oxygène fut étudiée avec soin. Enfin toute son attention fut attirée sur l’électrolyse des fluorures métalliques.

La plupart de ces expériences étaient faites dans des vases de platine, à des températures parfois très élevées. Lorsque, après cette étude générale des fluorures, M. Fremy reprit l’action du chlore sur les fluorures de plomb, d’antimoine, de mercure et d’argent, il montra nettement la presque impossibilité d’obtenir à cette époque ces fluorures absolument secs. Aussi l’on comprend que, dans ses recherches électrolytiques, ce savant se soit adressé surtout au fluorure de calcium.

Ayant vu combien les fluorures retiennent l’eau avec énergie, il revient toujours à cette fluorine qu’on trouve parfois dans la nature dans un grand état de pureté et

  1. Fremy, Recherches sur les fluorures (Annales de Chimie et de Physique, 2e série, t. XLVII, p. 5).