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H. MOISSAN. — SUR L’ISOLEMENT DU FLUOR

En présence du mercure, absorption complète, avec formation de protofluorure de mercure de couleur jaune clair.

L’or et le platine ne sont pas attaqués à la température ordinaire du laboratoire.

Le chlorure de potassium fondu est décomposé à froid avec dégagement de chlore. Il en est de même de l’iodure, qui se recouvre de suite d’une couche d’iode.

Ce gaz décompose l’eau à froid en fournissant de l’acide fluorhydrique et de l’oxygène ozonisé ; il enflamme le sulfure de carbone et, recueilli dans une capsule de platine remplie de tétrachlorure de carbone, il fournit un dégagement continu de chlore.

Les corps organiques hydrogénés sont violemment attaqués. Un morceau de liège, placé auprès de l’extrémité du tube de platine par lequel le gaz se dégage, se carbonise aussitôt et s’enflamme. L’alcool, l’éther, la benzine, l’essence de térébenthine, le pétrole prennent feu à son contact.

En résumé, le fluor est un corps gazeux, possédant une activité chimique supérieure à celle de tous les autres corps simples connus. À cause de ses puissantes affinités, il permettra évidemment d’importantes réactions. S’il n’avait pas encore été isolé, il est assez curieux de reconnaître que, grâce à l’étude de ses composés, sa place était marquée depuis longtemps dans la classification naturelle des métalloïdes. Les essais tentés jusqu’ici pour l’obtenir avaient fait prévoir quelques-unes de ses principales propriétés. Le jour où l’expérience arrive enfin à le retirer d’une de ses combinaisons, on s’aperçoit qu’il ne peut occuper que la place indiquée, en tête de la famille du chlore, et la classification établie par Dumas se trouve encore une fois complètement justifiée.


Paris.— Imprimerie de GAUTHIER-VILLARS, quai des Grands-Augustins, 55.