Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/228

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Éraste

Ah ! Cache-lui, de grâce, une peur passagère,
Où mon âme a cru voir quelque peu de lumière ;
Ou si tu la lui dis, ajoute que ma mort
Est prête d’expier l’erreur de ce transport,
Que je vais à ses pieds, si j’ai pu lui déplaire,
Sacrifier ma vie à sa juste colère.

Marinette

Ne parlons point de mort, ce n’en est pas le temps.

Éraste

Au reste, je te dois beaucoup, et je prétends
Reconnoître dans peu, de la bonne manière,
Les soins d’une si noble et si belle courrière.

Marinette

À propos, savez-vous où je vous ai cherché
Tantôt encore ?

Éraste

Hé bien ?

Marinette

Tout proche du marché,
Où vous savez.

Éraste

Où donc ?

Marinette

Là, dans cette boutique
Où, dès le mois passé, votre cœur magnifique
Me promit, de sa grâce, une bague.

Éraste

Ah ! J’entends.

Gros-René

La matoise !

Éraste

Il est vrai, j’ai tardé trop longtemps
À m’acquitter vers toi d’une telle promesse,
Mais…

Marinette

Ce que j’en ai dit, n’est pas que je vous presse.

Gros-René

Oh ! Que non !

Éraste

Celle-ci peut-être aura de quoi