Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/253

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Métaphraste

Je suis exact plus qu’aucun autre.

Albert

Je le crois.

Métaphraste

J’ai promis que je ne dirois rien.

Albert

Suffit.

Métaphraste

Dès à présent je suis muet.

Albert

Fort bien.

Métaphraste

Parlez, courage ! Au moins, je vous donne audience ;
vous ne vous plaindrez pas de mon peu de silence :
je ne desserre pas la bouche seulement.

Albert

Le traître !

Métaphraste

Mais, de grâce, achevez vitement :
Depuis longtemps j’écoute ; il est bien raisonnable
Que je parle à mon tour.

Albert

Donc, bourreau détestable…

Métaphraste

Hé ! Bon Dieu ! Voulez-vous que j’écoute à jamais ?
Partageons le parler, au moins, ou je m’en vais.

Albert

Ma patience est bien…

Métaphraste

Quoi ? Voulez-vous poursuivre ?
Ce n’est pas encor fait ? Per Jovem ! Je suis ivre.

Albert

Je n’ai pas dit…

Métaphraste

Encor ? Bon Dieu ! Que de discours !
Rien n’est-il suffisant d’en arrêter le cours ?

Albert

J’enrage.

Métaphraste

Derechef ? Oh ! L’étrange torture !