Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/268

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Sganarelle

Non, la peste m’étouffe ! (Ils recommencent à le battre.) Ah ! ah ! Hé bien ! messieurs, oui, puisque vous le voulez, je suis médecin, je suis médecin ; apothicaire encore, si vous le trouvez bon. J’aime mieux consentir à tout que de me faire assommer.

Valère

Ah ! voilà qui va bien, monsieur : je suis ravi de vous voir raisonnable.

Lucas

Vous me boutez la joie au cœur, quand je vous vois parler comme ça.

Valère

Je vous demande pardon de toute mon ame.

Lucas

Je vous demandons excuse de la libarté que j’avons prise.

Sganarelle, à part.

Ouais ! seroit-ce bien moi qui me tromperois, et serois-je devenu médecin sans m’en être aperçu ?

Valère

Monsieur, vous ne vous repentirez pas de nous montrer ce que vous êtes ; et vous verrez assurément que vous en serez satisfait.

Sganarelle

Mais, messieurs, dites-moi, ne vous trompez-vous point vous-mêmes ? Est-il bien assuré que je sois médecin ?

Lucas

Oui, par ma figué !

Sganarelle

Tout de bon ?

Valère

Sans doute.

Sganarelle

Diable emporte si je le savois !

Valère

Comment, vous êtes le plus habile médecin du monde.

Sganarelle

Ah ! ah !

Lucas

Un médecin qui a gari je ne sais combien de maladies.