Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/289

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Léandre

Il est vrai que les morts sont fort honnêtes gens sur cette matière.

Sganarelle, voyant des hommes qui viennent à lui.

Voilà des gens qui ont la mine de me venir consulter, (à Léandre.) Allez toujours m’attendre auprès du logis de votre maîtresse.



Scène II

Thibaut, Perrin, Sganarelle


Thibaut

Monsieu, je venons vous charcher, mon fils Perrin et moi.

Sganarelle

Qu’y a-t-il ?

Thibaut

Sa pauvre mère, qui a nom Parrette, est dans un lit malade il y a six mois.

Sganarelle, tendant la main comme pour recevoir de l’argent.

Que voulez-vous que j’y fasse ?

Thibaut

Je voudrions, monsieu, que vous nous baillissiez queuque petite drôlerie pour la garir.

Sganarelle

Il faut voir de quoi est-ce qu’elle est malade.

Thibaut

Alle est malade d’hypocrisie, monsieu.

Sganarelle

D’hypocrisie ?

Thibaut

Oui, c’est-à-dire qu’aile est enflée partout ; et l’an dit que c’est quantité de sériosités qu’alle a dans le corps, et que son foie, son ventre, ou sa rate, comme vous voudrois l’appeler, au glieu de faire du sang, ne fait plus que de l’iau. Alle a, de deux jours l’un, la fièvre quotiguienne, avec des lassi-


    Vidriera. « Le juge, y est-il dit, peut violer la justice ou la retarder ; l’avoca peut, par intérêt, soutenir une mauvaise cause ; le marchand peut nous atrapper notre argent ; enfin toutes les personnes avec lesquelles la nécessité nous force de traiter peuvent nous faire quelque tort, mais aucune ne peut nous ôter impunément la vie. Les médecins seuls ont ce droit ; ils peuvent nous tuer sans crainte, sans employer d’autres armes que leurs remèdes ; leurs bévues ne se découvrent jamais, parce qu’au moment même la terre les cache et les fait oublier » (Petitot.)