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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/505

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Ah ! d’un si doux accueil je me serais passé.

Alcmène
Vous me fîtes d’abord ce présent d’importance,
Que du butin conquis vous m’aviez destiné.
Votre cœur, avec véhémence,
M’étala de ses feux toute la violence,
Et les soins importuns qui l’avaient enchaîné,
L’aise de me revoir, les tourments de l’absence,
Tout le souci que son impatience
Pour le retour s’était donné ;
Et jamais votre amour, en pareille occurrence,
Ne me parut si tendre et si passionné.

Amphitryon, en soi-même.
Peut-on plus vivement se voir assassiné ?

Alcmène
Tous ces transports, toute cette tendresse,
Comme vous croyez bien, ne me déplaisaient pas ;
Et s’il faut que je le confesse,
Mon cœur, Amphitryon, y trouvait mille appas.

Amphitryon
Ensuite, s’il vous plaît.

Alcmène
Ensuite, s’il vous plaît. Nous nous entrecoupâmes
De mille questions qui pouvaient nous toucher.
On servit. Tête à tête ensemble nous soupâmes ;
Et le souper fini, nous nous fûmes coucher.

Amphitryon
Ensemble ?

Alcmène
Ensemble ? Assurément. Quelle est cette demande ?

Amphitryon
Ah ! c’est ici le coup le plus cruel de tous,
Et dont à s’assurer tremblait mon feu jaloux.

Alcmène
D’où vous vient à ce mot une rougeur si grande ?
Ai-je fait quelque mal de coucher avec vous ?

Amphitryon
Non, ce n’était pas moi, pour ma douleur sensible :
Et qui dit qu’hier ici mes pas se sont portés,
Dit de toutes les faussetés