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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/74

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Sganarelle

Le bonhomme en est tout mortifié, et m’en demandait le sujet.

Don Juan

Et quelle réponse as-tu faite ?

Sganarelle

Que vous ne m’en aviez rien dit.

Don Juan

Mais encore, quelle est ta pensée là-dessus ? Que t’imagines-tu de cette affaire ?

Sganarelle

Moi ? Je crois, sans vous faire tort, que vous avez quelque nouvel amour en tête.

Don Juan

Tu le crois ?

Sganarelle

Oui.

Don Juan

Ma foi, tu ne te trompes pas, et je dois t’avouer qu’un autre objet a chassé Elvire de ma pensée.

Sganarelle

Hé ! mon Dieu ! Je sais mon don Juan sur le bout du doigt, et connais votre cœur pour le plus grand coureur du monde ; il se plaît à se promener de liens en liens, et n’aime guère à demeurer en place.

Don Juan

Et ne trouves-tu pas, dis-moi, que j’ai raison d’en user de la sorte ?

Sganarelle

Eh ! monsieur…

Don Juan

Quoi ? Parle.

Sganarelle

Assurément que vous avez raison, si vous le voulez ; on ne peut pas aller là contre. Mais, si vous ne le vouliez pas, ce serait peut-être une autre affaire.

Don Juan

Hé bien ! je te donne la liberté de parler, et de me dire tes sentiments.

Sganarelle

En ce cas, monsieur, je vous dirai franchement que je