Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/92

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le cœur de mille coups, si j’avais eu la moindre pensée de vous trahir.

Charlotte

Mon Dieu ! je ne sais si vous dites vrai, ou non ; mais vous faites que l’on vous croit.

Don Juan

Lorsque vous me croirez, vous me rendrez justice assurément, et je vous réitère encore la promesse que je vous ai faite. Ne l’acceptez-vous pas ? et ne voulez-vous pas consentir à être ma femme ?

Charlotte

Oui, pourvu que ma tante le veuille.

Don Juan

Touchez donc là, Charlotte, puisque vous le voulez bien de votre part.

Charlotte

Mais au moins, monsieu, ne m’allez pas tromper, je vous prie ! Il y aurait de la conscience à vous, et vous voyez comme j’y vais à la bonne foi.

Don Juan

Comment ! il semble que vous doutiez encore de ma sincérité ! Voulez-vous que je fasse des serments épouvantables ? Que le ciel…

Charlotte

Mon Dieu, ne jurez point ! je vous crois.

Don Juan

Donnez-moi donc un petit baiser pour gage de votre parole.

Charlotte

Oh ! monsieu, attendez que je soyons mariés, je vous prie. Après ça, je vous baiserai tant que vous voudrez.

Don Juan

Hé bien ! belle Charlotte, je veux tout ce que vous voulez ; abandonnez-moi seulement votre main, et souffrez que, par mille baisers, je lui exprime le ravissement où je suis…



Scène III

DON JUAN, SGANARELLE, PIERROT, CHARLOTTE.
Pierrot, poussant don Juan qui baise la main de Charlotte.

Tout doucement, monsieu ; tenez-vous, s’il vous plaît. Vous vous échauffez trop, et vous pourriez gagner la purésie.