Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/301

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MONSIEUR JOURDAIN.

Je n’ai rien fait encore, madame, pour mériter cette grace.

DORANTE, bas, à monsieur Jourdain.

Prenez bien garde, au moins, à ne lui point parler du diamant que vous lui avez donné.

MONSIEUR JOURDAIN, bas, à Dorante.

Ne pourrois-je pas seulement lui demander comment elle le trouve ?

DORANTE, bas, à monsieur Jourdain.

Comment ? gardez-vous-en bien ! cela seroit vilain à vous ; et, pour agir en galant homme, il faut que vous fassiez comme si ce n’étoit pas vous qui lui eussiez fait ce présent. (Haut.) Monsieur Jourdain, madame, dit qu’il est ravi de vous voir chez lui.

DORIMÈNE.

Il m’honore beaucoup.

MONSIEUR JOURDAIN, bas, à Dorante.

Que je vous suis obligé, monsieur, de lui parler ainsi pour moi !

DORANTE, bas, à monsieur Jourdain.

J’ai eu une peine effroyable à la faire venir ici.

MONSIEUR JOURDAIN, bas, à Dorante.

Je ne sais quelles graces vous en rendre.

DORANTE.

Il dit, madame, qu’il vous trouve la plus belle personne du monde.

DORIMÈNE.

C’est bien de la grace qu’il me fait.

MONSIEUR JOURDAIN.

Madame, c’est vous qui faites les graces ; et…

DORANTE.

Songeons à manger.


Scène XX.

MONSIEUR JOURDAIN, DORIMÈNE, DORANTE, UN LAQUAIS.
LE LAQUAIS, à monsieur Jourdain.

Tout est prêt, monsieur.

DORANTE.

Allons donc nous mettre à table, et qu’on fasse venir les musiciens.