Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/31

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Élise

Nous marchandons, mon frère et moi, à qui parlera le premier ; et nous avons tous deux quelque chose à vous dire.

Harpagon

Et moi, j’ai quelque chose aussi à vous dire à tous deux.

Cléante

C’est de mariage, mon père, que nous désirons vous parler.

Harpagon

Et c’est de mariage aussi que je veux vous entretenir.

Élise

Ah ! mon père !

Harpagon

Pourquoi ce cri ? Est-ce le mot, ma fille, ou la chose, qui vous fait peur ?

Cléante

Le mariage peut nous faire peur à tous deux, de la façon que vous pouvez l’entendre ; et nous craignons que nos sentiments ne soient pas d’accord avec votre choix.

Harpagon

Un peu de patience ; ne vous alarmez point. Je sais ce qu’il faut à tous deux, et vous n’aurez, ni l’un ni l’autre, aucun lieu de vous plaindre de tout ce que je prétends faire ; et, pour commencer par un bout, (À Cléante.) avez-vous vu, dites-moi, une jeune personne appelée Mariane, qui ne loge pas loin d’ici ?

Cléante

Oui, mon père.

Harpagon

Et vous ?

Élise

J’en ai ouï parler.

Harpagon

Comment, mon fils, trouvez-vous cette fille ?

Cléante

Une fort charmante personne.

Harpagon

Sa physionomie ?

Cléante

Tout honnête et pleine d’esprit.

Harpagon

Son air et sa manière ?