ACTE SECOND.
Scène I.
Ah ! traître que tu es ! où t’es-tu donc allé fourrer ? Ne t’avois-je pas donné ordre…
Oui, Monsieur ; et je m’étois rendu ici pour vous attendre de pied ferme ; mais monsieur votre père, le plus malgracieux des hommes, m’a chassé dehors malgré moi, et j’ai couru le risque d’être battu.
Comment va notre affaire ? Les choses pressent plus que jamais ; et, depuis que je t’ai vu, j’ai découvert que mon père est mon rival.
Votre père amoureux ?
Oui ; et j’ai eu toutes les peines du monde à lui cacher le trouble où cette nouvelle m’a mis.
Lui, se mêler d’aimer ! De quoi diable s’avise-t-il ? Se moque-t-il du monde ? Et l’amour a-t-il été fait pour des gens bâtis comme lui ?
Il a fallu, pour mes péchés, que cette passion lui soit venue en tête.
Mais par quelle raison lui faire un mystère de votre amour ?
Pour lui donner moins de soupçon, et me conserver, au besoin, des ouvertures plus aisées pour détourner ce mariage. Quelle réponse t’a-t-on faite ?
Ma foi, Monsieur, ceux qui empruntent sont bien malheureux ; et il faut essuyer d’étranges choses lorsqu’on en est réduit à passer, comme vous, par les mains des fesse-matthieux.