Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Harpagon.

Retire-toi, te dis-je, et ne m’échauffe pas les oreilles. (Seul.) Je ne suis pas fâché de cette aventure ; et ce m’est un avis de tenir l’œil plus que jamais sur toutes ses actions.


Scène IV

FROSINE, HARPAGON.
Frosine

Monsieur…

Harpagon

Attendez un moment ; Je vais revenir vous parler. (À part.) Il est à propos que je fasse un petit tour à mon argent[1].


Scène V

LA FLÈCHE, FROSINE.
La Flèche, sans voir Frosine.

L’aventure est tout à fait drôle ! Il faut bien qu’il ait quelque part un ample magasin de hardes ; car nous n’avons rien reconnu au mémoire que nous avons.

Frosine

Hé ! c’est toi, mon pauvre la Flèche ! D’où vient cette rencontre ?

La Flèche

Ah ! ah ! c’est toi, Frosine ! Que viens-tu faire ici ?

Frosine

Ce que je fais partout ailleurs : m’entremettre d’affaires, me rendre serviable aux gens, et profiter, du mieux qu’il m’est possible, des petits talents que je puis avoir. Tu sais que, dans ce monde, il faut vivre d’adresse, et qu’aux personnes comme moi le ciel n’a donné d’autres rentes que l’intrigue et que l’industrie.

La Flèche

As-tu quelque négoce avec le patron du logis ?

Frosine

Oui, je traite pour lui quelque petite affaire dont j’espère récompense.

La Flèche

De lui ? Ah ! ma foi, tu seras bien fine, si tu en tires quelque chose ; et je te donne avis que l’argent céans est fort cher.

  1. Dans Plaute, Euclion va, comme Harpagon, faire des visites continuelles à son argent.