Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/532

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LES FEMMES SAVANTES.

Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ;
Et service d’autrui n’est pas un héritage.

Chrysale.
Qu’est-ce donc ? Qu’avez-vous, Martine ?

Martine.
Qu’est-ce donc ? Qu’avez-vous, Martine ? Ce que j’ai ?

Chrysale.
Oui.

Martine.
Oui ? J’ai que l’en me donne aujourd’hui mon congé,
Monsieur.

Chrysale.
Monsieur. Votre congé ?

Martine.
Monsieur. Votre congé ? Oui. Madame me chasse.

Chrysale.
Je n’entends pas cela. Comment ?

Martine.
Je n’entends pas cela. Comment ? On me menace,
Si je ne sors d’ici, de me bailler cent coups[1].

Chrysale.
Non, vous demeurerez ; je suis content de vous.
Ma femme bien souvent a la tête un peu chaude ;
Et je ne veux pas, moi…


Scène VI.

Philaminte, Bélise, Chrysale, Martine.


Philaminte, apercevant Martine.
Et je ne veux pas, moi… Quoi ! je vous vois, maraude !
Vite, sortez, friponne ; allons, quittez ces lieux ;
Et ne vous présentez jamais devant mes yeux.

    on. Dans l’ainée de toutes les grammaires françaises, celle que Palsgrave ecrivit en anglais pour le sœur de Henri VIII (1530), on voit constamment l’en figurer à côté de l’on : « Au singulier, dit Paslgrave, le pronom personnel a huit formes : je, tu, il, elle, l’en, l’on ou on, et se. Exemple : l’en, l’on ou on parlera, etc. » (Fol. 34 verso.) « Annotations pour savoir quand on doit employer l’en, l’on ou onL’en, l’on ou on peult estre joyeux. » (Fol. 102 verso.) (F. Génin.)

  1. À qui pense-t-on que Molière ait confié ce rôle à la fois naïf et grotesque ? À une actrice sans doute. Non : pour un personnage si neuf, l’auteur improvisa une comédienne nouvelle ; ou, pour mieux dire, il donna au public le plaisir de voir représenter Martine par la servante même qui lui avait servi de modèle, et qui portait son nom. (Mercure de juillet 1723, page 129.)