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LES FEMMES SAVANTES.

Henriette.
Si fait.

Chrysale.
Si fait. Et que j’aurois cette faiblesse d’ame,
De me laisser mener par le nez à ma femme ?

Henriette.
Eh ! non, mon père.

Chrysale.
Eh ! non, mon père. Ouais. Qu’est-ce donc que ceci ?
Je vous trouve plaisante à me parler ainsi.

Henriette.
Si je vous ai choqué, ce n’est pas mon envie.

Chrysale.
Ma volonté céans doit être en tout suivie.

Henriette.
Fort bien, mon père.

Chrysale.
Fort bien, mon père. Aucun, hors moi, dans la maison,
N’a droit de commander.

Henriette.
N’a droit de commander. Oui ; vous avez raison.

Chrysale.
C’est moi qui tiens le rang de chef de la famille.

Henriette.
D’accord.

Chrysale.
D’accord. C’est moi qui dois disposer de ma fille.

Henriette.
Eh ! oui.

Chrysale.
Eh ! oui. Le ciel me donne un plein pouvoir sur vous.

Henriette.
Qui vous dit le contraire ?

Chrysale.
Qui vous dit le contraire ? Et, pour prendre un époux,
Je vous ferai bien voir que c’est à votre père
Qu’il vous faut obéir, non pas à votre mère.

Henriette.
Hélas ! vous flattez là les plus doux de mes vœux ;
Veuillez être obéi, c’est tout ce que je veux.