Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/584

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LES FEMMES SAVANTES.

Chrysale.
Tantôt avec loisir on vous dira pourquoi.
Nous avons maintenant autre chose à conclure.

le notaire.
Procédons au contrat. Où donc est la future ?

Philaminte.
Celle que je marie est la cadette.

le notaire.
Celle que je marie est la cadette. Bon.

Chrysale, montrant Henriette.
Oui, la voilà, monsieur : Henriette est son nom.

le notaire.
Fort bien. Et le futur ?

Philaminte, montrant Trissotin.
Fort bien. Et le futur ? L’époux que je lui donne
Est monsieur.

Chrysale, montrant Clitandre.
Est monsieur. Et celui, moi, qu’en propre personne
Je prétends qu’elle épouse est monsieur.

le notaire.
Je prétends qu’elle épouse est monsieur. Deux époux !
C’est trop pour la coutume.

Philaminte, au notaire.
C’est trop pour la coutume. Où vous arrêtez-vous ?
Mettez, mettez, monsieur Trissotin pour mon gendre.

Chrysale.
Pour mon gendre mettez, mettez, monsieur Clitandre.

le notaire.
Mettez-vous donc d’accord, et, d’un jugement mûr
Voyez à convenir entre vous du futur.

Philaminte.
Suivez, suivez, monsieur, le choix où je m’arrête.

Chrysale.
Faites, faites, monsieur, les choses à ma tête.

le notaire.
Dites-moi donc à qui j’obéirai des deux

Philaminte, à Chrysale.
Quoi donc ? vous combattrez les choses que je veux  !

Chrysale.
Je ne saurois souffrir qu’on ne cherche ma fille
Que pour l’amour du bien qu’on voit dans ma famille.