Page:Molière - Œuvres complètes, Garnier, 1904, tome 02.djvu/53

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Toi-même, qu’en crois-tu, ma compagne fidèle ?

Clymène
On m’a dit que sa flamme est pire qu’un vautour, Et qu’on souffre en aimant une peine cruelle.

Philis
On m’a dit qu’il n’est point de passion plus belle, Et que ne pas aimer c’est renoncer au jour.

Clymène
À qui des deux donnerons-nous victoire ?

Philis
Qu’en croirons-nous, ou le mal ou le bien ?

Clymène et Philis ensemble.
Aimons, c’est le vrai moyen De savoir ce qu’on en doit croire.

Philis
Chloris vante partout l’amour et ses ardeurs.

Clymène
Amarante pour lui verse en tous lieux des larmes.

Philis
Si de tant de tourments il accable les cœurs, D’où vient qu’on aime à lui rendre les armes ?

Clymène
Si sa flamme, Philis, est si pleine de charmes, Pourquoi nous défend-on d’en goûter les douceurs ?

Philis
À qui des deux donnerons-nous victoire ?

Clymène
Qu’en croirons-nous, ou le mal ou le bien ?

Toutes deux ensemble.
Aimons, c’est le vrai moyen De savoir ce qu’on en doit croire.

La Princesse les interrompit en cet endroit et leur dit,
Achevez seules si vous voulez, je ne saurais demeurer en repos, et quelque douceur qu’aient vos chants, ils ne font que redoubler mon inquiétude.


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