Page:Molière - Œuvres complètes, Hachette, 1873, tome 03.djvu/13

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NOTICE. La pièce des Fâcheux fait doublement époque : elle se rattache à un des événements les plus graves du temps, la disgrâce du surintendant Foucquet ; elle est de plus la première de ces comédies-ballets que Molière lui-même dans son avertissement signale comme « un mélange,... nouveau pour nos théâtres." Si cette innovation, si goûtée surtout par le Roi et par les courtisans, nous laisse assez indifférents, n’oublions pas que ces improvisations destinées aux fêtes de la cour devinrent peut-être pour Molière son premier et son plus sûr titre à la faveur royale, et qu’indépendamment de leur mérite propre, elles eurent cet avantage d’assurer à ses chefs-d’œuvre une protection dont ils ne pouvaient se passer. « Il n’y a personne, dit Molière, qui ne sache pour quelle réjouissance la pièce fut composée ; et cette fête a fait un tel éclat, qu’il n’est pas nécessaire d’en parler." Cette fête, d’une splendeur toute royale, offerte par Foucquet au Roi dans sa maison de Vaux, et sur laquelle il comptait sans doute pour raffermir son crédit ébranlé, consomma peut-être sa ruine. L’irritation que causaient à Louis XIV « la vue des vastes établissements que cet homme avait projetés, et les insolentes acquisitions qu’il avait faites, » est avouée dans un fragment des Mémoires de Louis XIV1 et parmi ces fastueuses dépenses qu’il lui reproche avec amertume, il comprenait sans doute cette fête même que suivit, dix-neuf jours plus tard, l’arrestation du Surintendant. Tout le monde avait été ébloui de ces splendeurs, et rien I. Mémoires de Louis XIV, édition de M. Charles Dreyss, Paris, Didier, 1860, tome II, Appendice, Copie d’un fragment de Pellisson pour les mémoires de 1661, p. 524.