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4 LE MARIAGE FORCE.

pastoral, allégorique ou mythologique, c’est-à-dire plus ou moins faux : « Au ballet des Amours déguisés dansé par Sa Majesté, au mois de février, l’an 1664, le théâtre s’ouvrit d’abord par un combat de deux différentes harmonies, la plus forte composée des Arts et des Vertus qui suivent Pallas, et la plus douce des Grâces et des Plaisirs qui accompagnent Vénus. Cependant ces deux déesses prenant le parti l’une du plaisir, et l’autre de la vertu, entrent elles-mêmes en contestation. Mercure, qui tâche de les accorder, leur propose de prendre le Roi pour arbitre de leur différend : toutes deux l’acceptent avec une égale satisfaction ; mais Pallas, qui connoît l’avantage qu’elle a dans le choix d’un tel juge, insulte à sa rivale, et après lui avoir fait remarquer combien Sa Majesté par toutes ses actions se déclare ouvertement pour le parti de la vertu, la laisse dans la confusion. » A la suite de ce prologue venait le ballet où figurait le Roi.

Cette œuvre, où l’Hôtel de Bourgogne essayait encore de lutter contre la faveur croissante de Molière, avait pour auteur le président de Périgny, lecteur du Roi, celui-là même à qui Bossuet succéda comme précepteur du grand Dauphin et qu'on a regardé comme l’auteur principal du Journal de Louis XIV et de ses Mémoires de 1666 et 16671. Ce n’était pas seulement à Molière qu’il faisait concurrence dans ce ballet, c’était à Benserade, qui le lui fit sentir par une épigramme contre les Amours déguisés2.

II y avait bien encore un peu d’allégorie dans le ballet du Mariage forcé ; mais plusieurs des personnages du ballet et la comédie qui s’y mêle étaient empruntés à la plus franche réalité. A la cour, le bon accueil ne pouvait être douteux. Une seconde représentation, celle que vit Loret, eut lieu, dès le sur-


1. Voyez M. Ch. Dreyss, les Mémoires de Louis XIV, tome I, p. XXXIX et suivantes.

2. Ami lecteur ou président, n’importe,
La mascarade est belLe et vous l’entendez bien :
Vos Amours déguisés le sont de telle sorte,
Que le diable n’y connoît rien
.

Voyez l’Histoire du ballet de cour de M. V. Foumel, dans le tome II des Contemporains de Molière, p. 195.