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LIVRE I, CHAP. VI

un étranger ou un client, à acquérir sans nulle difficulté, soit des meubles, soit même des immeubles, depuis que les immeubles entrent aussi dans les fortunes privées. Rome enfin a été une ville de commerce, qui a dû au commerce international les premiers éléments de sa grandeur, et qui s’est empressée de donner largement et libéralement l’incolat à tout enfant né d’une mésalliance, à tout esclave affranchi, à tout étranger immigrant ou abandonnant son droit de cité dans sa patrie, et même à tous ceux, en grand nombre, qui voulaient rester citoyens de la ville amie d’où ils étaient sortis.

Les habitants non-citoyens et la cité.Au commencement, il n’y avait que des citoyens patrons des clients, et des non-citoyens, clients ou protégés des premiers ; mais, comme cela arrive partout où le droit de cité est fermé au plus grand nombre, il devint bientôt difficile, et la difficulté alla croissant, de maintenir les faits en harmonie avec la loi. Les progrès du commerce, l’incolat donné par l’alliance latine à tout Latin venu dans la ville placée à la tête de l’alliance, le nombre des affranchis s’augmentant avec le bien être des habitants, élevèrent rapidement la population des non-citoyens à un chiffre démesuré. Vinrent ensuite les peuples des villes voisines conquises et incorporées ; lesquelles toutes, soit qu’elles fussent effectivement amenées dans Rome, soit qu’elles demeurassent dans leur ancienne patrie déchue à l’état de simple village, avaient dans la réalité échangé le droit de cité dans leur ville, contre la condition de véritables Métœques[1]. D’un autre côté les charges du service militaire pesant sur les anciens citoyens seuls, les rangs du patriciat allaient s’amoindrissant tous les jours, pendant que les simples habitants participaient aux profits de la victoire, sans l’avoir payée de leur sang.— Aussi devons-nous nous

  1. [Μέτοιχος, étrangers domiciliés à Athènes, et dont Thucydide par exemple, fait fréquemment mention.]