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VIII
AVANT-PROPOS

tiques[1], on comprend aisément la nécessité de cette histoire sans personnages, de ces grands événements reproduits sans le portrait des hommes qui y ont pris part. Vouloir mieux faire, c’est retomber aussitôt dans la fable et la légende, c’est vouloir retourner à Tite-Live, en lui redemandant la magie de ses couleurs et de son style, et les illusions enchanteresses de son patriotisme romain. M. Mommsen n’a point hésité. Il a préféré les sévères devoirs de la saine critique et de la vérité historique. Il n’a pas tenté de replacer sur un piédestal, tant bien que mal reconstruit, les statues brisées ou perdues des héros de la légende ; il a disposé simplement et dans un ordre méthodique, il a divisé par époques ses chapitres divers et les résultats obtenus par ses devanciers, comme ceux conquis par ses recherches propres. Immigrations venues de l’Orient, — commencements de Rome, — organisation puissante et exclusive de la cité, — conquêtes sur les Latins, les Étrusques et les Samnites, — civilisation de l’Étrurie et de la Grande-Grèce, — marines toscanes et carthaginoises, — le droit, la religion, l’agriculture, l’industrie et le commerce, l’écriture et les arts mathématiques ; enfin, et pour couronner le tout, l’art proprement dit et la littérature : tels sont les sujets qu’il parcourt et épuise. À dater de la guerre des Gaulois et de l’invasion de Pyrrhus en Italie, le récit commence, à vrai dire. Viennent alors les guerres puniques et la rapide conquête du monde occidental par les armes de Rome. Là, les personnages vivent et se montrent : la narration s’anime et s’enrichit de

  1. V. notamment Gerlach, Vorgeschichte des Rœm. Staats (Hist. primitive de Rome), Bâle, 1863, p. 263 et suiv.