Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 2.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
RUINE DES ÉTRUSQUES. – LES GAULOIS

torien Am. Thierry, sont « une bravoure personnelle que rien n’égale chez les peuples anciens ; un esprit franc, impétueux, ouvert à toutes les impressions, éminemment intelligent : mais, à côté de cela, une mobilité extrême, point de constance, une répugnance marquée aux idées de discipline et d’ordre..., beaucoup d’ostentation ; enfin, une désunion perpétuelle, fruit de l’excessive vanité[1]. »

Le vieux Caton les avait aussi dépeints en deux mots : « les Gaulois recherchent deux choses avec ardeur : la guerre et le beau langage[2]. » Bons soldats, mauvais citoyens, est-il étonnant qu’ils aient ébranlé tant d’États, et n’en aient point fondé un seul ? On les voit à toute heure prêts à émigrer, ou, pour mieux dire, à entrer en campagne, préférant à la terre les richesses mobilières, et l’or avant tout ; faisant du métier des armes un pillage organisé, ou une industrie mercenaire ; tellement habiles à les manier d’ailleurs, que l’historien romain Salluste leur donne le pas sur les Romains. Ils ont été vraiment les lansquenets de l’ancien temps, si les images et les descriptions d’alors sont fidèles. Grands de corps, sans beaucoup de muscles ; les cheveux ramenés en touffes au sommet de la tête, les moustaches longues et épaisses, à la différence des Grecs et des Romains qui portent les cheveux courts et se rasent la lèvre supérieure ; affublés de vêtements bariolés et chamarrés de broderies ; les rejetant souvent loin d’eux pour combattre ; avec leur large collier d’or, sans casque, sans armes de jet, se couvrant de leur vaste bouclier, ils se précipitent en brandissant leur longue épée mal trempée, leur poignard ou leur lance tout brillants d’ornements dorés, car ils ne sont pas sans quelque adresse dans le travail

  1. [Am. Thierry, Hist. des Gaulois, Introd., T. I, p. XII, de la 3e édition.]
  2. Pleraque Gallia duas res industriosissime persequitur : rem militarem et argule loqui (Cato, Orig., L. II, fr. 2, Jordan).