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LIVRE II, CHAP. IV

tent le fleuve entre eux et les Barbares qui les poursuivent, et vont se réfugier dans Véies. Prise de Rome.On tenait Rome pour perdue ; ceux qui étaient restés dans ses murs et les fuyards revenus de l’Allia n’étaient plus en état de la défendre. Trois jours après la bataille, l’ennemi entra par les portes laissées ouvertes ; on avait mis à profit ce court répit pour placer en sûreté ou enfouir les choses sacrées, et ce qui importait davantage, pour loger une forte garnison dans la citadelle, en l’approvisionnant des vivres nécessaires. On n’y laissa entrer que ceux qui pouvaient porter les armes : on n’avait pas de quoi nourrir tout le monde. La multitude non armée alla chercher un refuge dans les villes voisines : un grand nombre, les personnages âgés et considérables, entre autres, ne voulant pas survivre à la ruine de la ville, attendirent dans leurs maisons la mort que leur apportait le fer des Barbares. Ils arrivèrent massacrant et pillant tout ; puis ils mirent le feu aux quatre coins de Rome sous les yeux de la garnison du Capitole. Mais ils ne savaient pas mener le siège d’une place forte ; et il leur fallut bloquer l’âpre rocher de la citadelle, luttant contre l’ennui et les difficultés de toutes sortes ; ne pouvant se procurer de quoi vivre pour leur immense multitude, qu’en envoyant au loin des fourrageurs armés, lesquels eurent maille à partir avec les populations des cités latines, avec les soldats d’Ardée, surtout, braves à la fois et heureux dans ces combats de tous les jours. Pendant sept longs mois, ils s’obstinèrent au pied du Capitole, déployant une énergie sans exemple dans une telle situation. Déjà les vivres manquaient aux défenseurs de la citadelle romaine ; déjà, durant une nuit obscure, sans les cris des oies du Capitole, et sans la valeur de Marcus Manlius, qu’elles avaient éveillé, celle-ci aurait été surprise et emportée de vive force. Tout à coup les Barbares apprennent que les Vénètes ont envahi leur nou-