Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 2.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
LIVRE II, CHAP. V

ce que nous savons, c’est qu’entre Rome et le Samnium, soit sans qu’il ait eu guerre, soit au contraire après une guerre réelle, il intervint un arrangement, aux termes duquel les Romains auraient gardé Capoue, les Samnites ayant leurs coudées franches contre Teanum et contre les Volsques du haut Liris. Les Samnites avaient un puissant intérêt à la paix, car à ce moment même, les Tarentins faisaient d’énergiques efforts pour chasser leurs incommodes voisins ; mais les Romains avaient, de leur côté, les plus graves motifs pour s’accommoder au plus tôt avec les Samnites. Agités déjà avant, et en pleine effervescence, les Latins se soulevèrent en masse, lorsqu’ils virent toute la contrée limitrophe de leur pays, du côté du sud, sur le point d’appartenir aux Romains. Toutes les villes d’origine latine, les Tusculans eux-mêmes, admis dans Rome au partage des droits de

    panie : une bataille décisive se donne au pied du Vésuve ; elle est gagnée sur les Latins et les Campaniens unis, par le consul Titus Manlius Imperiosus, qui, pour rétablir la discipline ébranlée au sein de ses troupes, a du faire exécuter son fils, rentré victorieux au camp dont il était sorti contre l’ordre du général. Il a aussi fallu que l’autre consul, Publius Decius Mus, se dévouât pour réconcilier les dieux : enfin la dernière réserve a donné. Un second combat livré près de Trifanum, termine la guerre : le Latium et la Campanie se soumettent, et sont punis par la confiscation d’une partie de leur territoire. — Ce récit fourmille d’impossibilités de toutes sortes et qui sautent aux yeux du lecteur, pour peu qu’il ait de la clairvoyance et de l’attention. Que signifie la guerre menée contre les Antiates, après leur soumission de 377377 av. J.-C. (Tite-Live, 6, 33) ? Comment admettre une expédition dirigée par les Latins seuls contre les Pæligniens, en violation flagrante des traités fédéraux entre Rome et le Latium ? Comment comprendre cette marche inouïe de l’armée Romaine sur Capoue, au travers des pays Marse et Samnite, pendant le soulèvement de tout le Latium ? Ajoutez-y le récit embrouillé et sentimental de la révolte militaire de 412342 av. J.-C., et l’historiette du chef qu’elle se donna malgré lui, le boiteux Titus Quinctius, le Gœtz de Berlichingen Romain ! Et puis, combien de répétitions inexplicables ! L’aventure du tribun militaire Publius Decius est calquée sur l’action héroïque d’un Marcus Calpurnius Flamma, ou de quelque autre nom qu’il s’appelle, durant la seconde guerre punique. Privernum est de nouveau prise, en l’an 425329 av. J.-C., par Gaïus Plautius : or cette seconde capture est la seule dont parlent les Fastes triomphaux. Enfin la mort expiatoire de Publius Decius est, comme