Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 3.djvu/323

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défilé ou coule l’Aoüs (la Vyossa), entre les monts AEropos et Asmaas. En face de lui vint s’établir aussi l’armée romaine, commandée par Publius Villius, consul de l’année précédente; puis, à partir de l’été, par le consul d’alors, Titus Quinctius Flamininus. Celui·ci, à peine âgé de trente ans, appartenait à cette jeune génération, qui, délaissant les antiques‘traditions des aïeux, commençait aussi a se défaire du vieux patriotisme romain, et qui, sans songer le moins du monde à renier Rome, n’avait plus guère d`yeux que pour l’hellénisme et pour soi-même. Habile officier d'ailleurs, et diplomate encore plus habile sous beaucoup de rapports, il avait été admirablement choisi pour mettre la main aux affaires de la Grèce; et pourtant, je ne puis m’empécher de le dire, il eût mieux valu, et pour Rome et pour les Grecs, que l’élection eût appelé au commandement un homme moins sympathique à l’hellénisme, un général que ni les délicates flatteries n’eussent pu corrompre, ni les réminiscences artistiques et littéraires n’eussent pu aveugler devant les misères politiques de la Grèce.· Traitant celle-ci selon ses mérites, il aurait évité à Rome, peut-ètre, les tendances d’un idéal détendu à son génie.

Le nouveau général eut une entrevue avec le roi, alors que les deux armées restaient immobiles l’une, devant l’autre. Philippe fit des propositions de paix : il offrit de rendre toutes ses conquêtes récentes, et de réparer au moyen d’une équitable indemnité le préjudice souffert par les villes grecques. Mais les négociations échouèrent quand on voulut en outre exiger de lui l’abandon des anciennes conquêtes macédoniennes, et notamment de la Thessalie. Les armées restèrent encore quarante jours dans les défilés de l’Aoüs, sans que Phi-

[L’Aoüs, aujourd’hui la Votoutzu, ou Vyossa, au Nord-Est de Jaîtinn].