Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/154

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150 LIVRE 'V, CHAPITRE I · montrait inexorable envers le soldat coupable d’un forfait en territoire ami. Il voulait sérieusement l’amélioration , durable du sort des provinciaux, abaissant les tributs, obligeant ses troupes a se construire des baraquements pour l’hiver, délivrant ainsi les villes du lourd fardeau des cantonnements, et arrêtant du même coup une source d’abus, d’insupportables tracasseries. Il avait fondé a Osca . (Huesca), pour les enfants des Espagnols de bonne famille, une Académie, ou ceux-ci recevaient l’instruction usuelle de la jeunesse noble de Rome, ou ils apprenaient à parler lc grec et le latin, et à porter la toge. Merveilleuse institu- tion, qui n'avait point seulement pour objet d’assurer a · Sertorius, sous une forme plus douce, la possession d’otages toujours nécessaires en Espagne, meme au regard des alliés, mais institution aussi s’inspirant de la grande pensée de Gaius Gracchus et des hommes du parti démocratique, la perfectionnant meme, et ne tendant à rien moins_qu'à A ' mmaniser insensiblement les provinces! Pour la première ' fois on entreprenait une telle œuvre, non en détruisant les u -races indigènes, auxquelles se substituait la colonisation italienne, mais en faisant passer les provinciaux à la latinité. Lesopftmatcs a Rome n’avaient que moqueries pour ces misérables émigrés, pour ces transfuges de l’armée italienne , derniers débris des bandes de brigands dc Carbon : leurs sots dédains leur coutèrent cher. On envoya contre Sertorius des armées énormes, y compris les levécs_ ‘ en masse faites en Espagne, 420,000 hommes de pied, 2,000 archers et frondeurs, 6,000 cavaliers.Gontre des forces si démesurément supérieures, il sut se défendre par une p succession de combats heureux et de victoires-: bientot _ même il était maître de la plus grande partie de l’Espagne. Dans la province ultérieure, Métellus se vit réduit aux seuls territoires surlesquels ses troupes avaient le pied : dès ` ' qu’ils le pouvaient, tous les peuples passaient a Sertorius. Dans la citerieure, où Hirtuleius avait vaincu, il ne se ` — trouvait plus de soldats romains. Déja les émissaires de