Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/185

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LA RESTAURATION APRÈS SYLLA 181 prenaient à tâche de n’étre plus que jouet et que scandale, les Séleucides se querellaient incessamment entre eux. Condamnés à d’éternelles luttes de sang, comme la maison de Laius, quand ils voyaient tous leurs sujets se détacher d’eux, ils s’amusaient à convoiter le trone d’Égypte, délaissé sans héritier par le dernier roi, · ' Alexandre II. . Tigrane se jeta sur cette proie facile. ll enlève la Cilicie orientale en un tour de main; et, comme il avait fait des Cappadociens, il emmène chez lui la population de Soli [Mézetlu] et des autres villes. De même il soumet à main armée toute la région de la haute Syrie, à l’exception de ` Séleucie [Seleucia Pieria], située aux bouches de l’0ronte, laquelle est vaillamment défendue : il soumet la plus grande partie de la Phénicie. Vers 680, il prend Ptolémaîs, et déjà 74 av. J.·c. menace sérieusement la ville des Juifs. Antioche, l’antique _ capitale des Seleucides, n’est plus qu'une des résidences ` du roi d’Arménie. A dater de 1’an 674, les annales sy- 83_ riaques mentionnent Tigrane·comme seigneur et maître du pays : la Syrie, la Cilicie so_nt devenues une satrapie . arménienne, que Magadatès gouverne pour le compte du Grand-Roi. Il semble que les temps de l’empire de Ninive, ' que les temps de Salmanassar, de Sanhérib [Sennachérib] recommencent. Gomme aux jours de Tyr et de Sidon, le despotisme oriental s’est de nouveau appesanti sur les · populations commerçantes des cotes de Syrie: l’Asie centrale s’est de nouveau rejetée sur la région méditerraà néenne, et les plages de Syrie et de Cilicie revoient des armées asiatiques d’un demi-million d’hommes. De méme qu’autrefois Salmanassar et Nabuchodonosor ont emmené les Juifs à Babylone, de même aujourd’hui les habitants des pays frontières du nouvel empire, Gordiens, Adiabé- nicns, Assyriens, Giliciens, Cappadociens, les citoyens · surtout des villes grecques ou à demi-grecques se voient forcés, quoiqu’ils s’en défendent, et sous peine de confis- ` cation de ce qu’ils laisseraient derrière eux, à émigrer