Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/311

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POMPÉE EN ORIENT 307 porter plus loin ses armes, trop vaniteux pour traiter, il aima mieux user de perfidie; il commit les empiétements les plus abusifs; et rendant impossibles les relations de bon voisinage que souhaitait la cour de Clésiphon, dans .lesquelles elle entrait d’elle-méme, il permit en méme temps à l’ennemi qu’il exaspérait de choisir à son aise et l’heure de la rupture, et celle des représailles. Le pro- consulat d’Asie valut à Lucullus une fortune plus que princière; et Pompée à son tour, pour prix de l’organi- sation nouvelle des provinces, reçut du roi de Cappadoce, . de l’opulente ville d’Antioche et d’autres princes et · villes, de grosses sommes d’argent ou des titres de _ créance encore plus considérables. Tout cela ressemblait fort à_des exactions; mais l’exaction était passée en tribut usuel, et sans vendre directement leur concours dans les questions importantes, les deux généraux ne laissèrent pas que de le faire payer par tous ceux dont l’intérét coïncidait avec celui de Rome. En somme et eu égard aux temps, leur administration fut, relativement parlant, digne d'éloges zils eurent en vue d’abord le bien de la · République, et ensuite celui des provinciaux. Pour les maitres comme pour les sujets c’était un grand bonheur que la transformation des pays clients en pays soumis, que la meilleure délimitation des frontieres d’0rient, que ' l’établissement d’un gouvernement un et fort en Asie. . Quant à Rome, ses finances ygagnerent dans une pro- portion incalculable : les nouveaux impôts directs payés dorénavant par tous les princes et prétres, et par toutes les villes, sauf celles fort rares qui avaient la franchise, élevèrent bientôt les revenus de la République à la moitié en sus de l’ancien produit. A la vérité l’Asie souffrit beaucoup. En argentmonnayé et enbijoux, Pompée versa ' dans les caisses du tlsc environ 200,000,000 de sesterces (15,000,000 thai. = 56,250,000 fr.), et distribua 16,000 talents (20,000,000 thal.=108,750,000fr.)à ses otïiciers et à ses soldats. Ajoutez à ces chiffres les sommes énormes