Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/353

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CONJURATION DE CATILINA 349 son tribunal (p. 322), il les condamna tous, acquittant le seul Catilina, le plus coupable et le plus infàme. Le 3 décembre, quand Cicéron déroulait ses révélations et les noms des conjurés devant le Sénat, il ne fit pas mention de ces deux_ mêmes personnages; et pourtant il est sûr que les· dénonciateurs, outre ceux qui furent soumis à. l’interrogatoire, avaient aussi parlé de « nombreux inno— g · cents »· que le consul jugea à propos de rayer de sa liste._ Et plus tard, au bout de,quelques années, quand il n’avait - plus les mêmes raisons de taire la vérité, il n’hésita pas ` la ranger César parmi les conjurés. De meme n’y avait-il . point une accusation indirecte, mais claire, àdonner à garder à César et à Crassus, en leur qualité de sénateurs·, _ deux des quatre conjurés arrêtés ce meme jour (3 décembre), les moins dangereux, il est vrai, Statilius et Gabinius. Les laissant échapper, ils se trahissaient aussitot devant l’opinion publique : les retenant prisonniers, ils se sépa- _ raien_t de leurs complices, et se compromettaient aux yeux de la faction. Un incident qui se passa dans le Sénat fait voir l'embarras de leur situation. Lentulus venait d’ètre arrété avec_ses consorts. Un agent de la · conspiration, envoyé à Catilina [Tarquinius] et enlevé sur l la route, était amené devant le Sénat, où, sous promesse de l’impunité, il tit un aveu circonstancié. Quand il en arriva à la partie la plus délicate de la confession, déjà il nommait Crassus, comme étant celui dont il tenait sa mission: aussitot les sénateurs de_ l'interrompre, et sur la proposition de Cicéron, d’anéantir toute la déposition sans vouloir pousser plus loin l’enquete: puis, malgré l’amnistie donnée, de mettre le messager en prison, jusqu’à ce qu'il se rétractàt, jusqu’î1 ce qu’il eut déclaré ` qui_l’avait incité à une telle imposture. On savait tout, cela est clair. Témoin ce Sicinius qui, invité à s’attaquer à Crassus, ne se soucia pas de « prendre le _taureau par les cornesl * » La majorité des sénateurs et Cicéron le 1 [ll s‘agit ici du Sicinius, dont parle Plutarque (Grass., 7). ii Il a du foin à la come » (habet fœnum in coma), aurait-il dit.]