Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/64

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» supprimerait des images qui n’éveillent dansl’esprit que des idées erronées * : on supprimerait tous ces sacrifices absurdes : mais puisque l’établissement religieux existe, il convient que tout bon citoyen confesse et pratique les dieux, et que l’/zomme du commun surtout, loin de les ` » dédaigncr, apprenne à leur rendre hom ma’ge!·» Hélas! cet homme du commun, au profit de qui les grands patrons acceptaient de telles chaînes, il méprisait aujourd’hui sa foi ancienne, il cherchait ailleurs son salut, on le comprend de reste et nous le verrons bien par la suite. En attendant, la Haute-Eglise romaine était debout, avec sa corporation hypocrite de prétres et de lévites et son incroyante communauté. Du jour où l’on avait dit ouvertement que dans la religion de la cité romaine il n’y avait rien qu’une institution politique, les partis, à leur tour, avaient fait de l’église d’État le champ de bataille de leurs aggressions ou de leur défense: la science augurale, les élections dans les colleges sacerdotaux surtout, avaient fourni sans cesse plus ample matière aux dissensions. La vieille et naturelle coutume suivant laquelle on dissolvait l’assemblée du peuple à l’approche de l’orage, s’était changée dans les mains des augures en un système compliqué d’observation des signes célestes et de regles de conduite s’y rattachant : dans les premières périodes décennales du -VII¢ siècle-, il avait été ordonné par_la loi Elia et Fuyîa, que les comices étaient rompus de plein droit, des qu’il plaisait à quelque haut magistrat d’aller chercber dans le ciel les phénomènes précurseurs d’une tempète¤ : l’oligarchie romaine était toute- fière d’avoir imaginé ce moyen habile et ces mensonges ·pieux qui permettaient, le cas échéant, de frapper de nullité les lois votées parle peuple.

‘ Dans sa satire des Aborigènes, le même auteur raconte, en se moquant, comment c les premiers hommes, à qui ne sufïisait pas un Dieu que la pensée seule reconnait, ont voulu adorer des mannequins et de petites images des divinités! it

l’ [Quelques auteurs pensent qu’il y eut deux lois et non une seule, mais toutes deux d’ailleurs décrétant pareillement l’obnunciatio.]