Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 7.djvu/8

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4 _LIVRE V, CHAPITRE VII · ' d’elle, en vertu d’une loi universelle, et je dirai presque, `physique, comme est celle Ide la gravité, les Italiens, le seul des peuples de l’antiquité qui ait su allier le progrès ' politique et la civilisation morale, cette derniere encore, à . l'extérieur, dans une jmesure tout imparfaite, les Italiens · étaient appelés a sjassujettir tous les États grecs orien- · taux, devenus mûrs pour la ruine, et à refouler par leurs colons et émigrants toutes les tribus incultes de l’ouest, \ _` Libyens, Ibères, Celtes et Germains. De _même et à pareil ' droit, l’Angleterre s’est asservie en Asie une civilisation sœur, politiquement impuissante : de mêmeêen Ame- l' rique, en Australie, elle a marqué, annobli d'immenses · contrées à l’empreinte de sa nationalité: de même elle les marque et annoblit tous·les· jours. L’unité italienne, ' condition préalable de la grande mission de Bome, avait été l’œuvre de son aristocratie : mais l’aristocratie s’était arrêtée en deçà de la ligne, ne voyant dans les conquêtes _ , extra—italiques ou qu’un mal _nécessaire, ou que des posnsessions payant rente a l’Etat, placées d’ailleurs hors de lui. Ce sera l’impérissable gloire de _la démocratie, ' ou, si l’on aime mieux, de la monarchie romaine (toutes . deux se confondent en une seule) d’avoir vu clairement les destinées plus hautes de Bome, et de les avoir puis- . sammentaccomplies. Ce qu’avait préparé l'irrésistible puissance des choses, quand malgréjlui—même le Senat· · · posait les bases de l’empire futur de la Bépublique et ` dans l’est et dans l’ouest, ce qu’avait compris d’instinct l’émigration romaine dans les provinces, vraie plaie' d’Egypte là ou elle s’imposait, mais en Occident l’utile · pionnier d’une culture meilleure, Gaius Gracchus, père · de la démocratie, l’avait d’abord reconnu et _tenté'en homme d’Etat aux vues nettes et sûres. Il y eut deux r grandes pensées dans la politique nouvelle : réunir, dans l’empire Bomain, tout ce qui était hellénique, coloniser tout ce qui ne l’était pas.·Ces deux pensées, des les temps ‘ des Gracques, elles entrèrent dans la pratique par l’in—