Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/110

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, 98 · _ ‘ LIVRE V, QHÀPITRE XI ' - guerre. (1'était prévoir juste que de régler une bonne fois · les comptes de Rome avec un dangereux ennemi. Il pré- méditait aussi une attaque contre le Gète Boerebistcw, l'in- fatigable batailleur, qui s’étendait en conquérant sur les deux rives du Danube lh. Enfin il songeaitàprotéger l’ltalie du coté du nord-est, par les mêmes moyens que ceux appliqués au nord des Gaules. Bien ne démontre d’ailleurs qu’à l’instar d’Alexandre, César ait jamais rêvé une car- rière infinie de victoires et de conquêtes. Quelques-uns, il est vrai, racontent qu’après les Parthes, il devait marcher contre les peuples ·de la mer Caspienne; delà, remonter vers la mer Noire; puis, contournant son rivage septen- trional, revenir vers le Danube, réduire sous sa loi tous les Scythes et les Germains, du Danube à l’Océan boréal, peu éloigné de la Méditerranée, selon les croyances géo- graphiques de son temps; et enfin rentrer en Italie par les Gaules.? Mais,je ledemande, surquel fondement, surquelle autorité s’appuient ces fantastiques desseins? Etant donné l'empire romain de César, avec son agglomération déjà colossale d’éléments barbares, quasi indomptables, et dont l’assimilation à elle seule exigeait le travail de plusieurs siècles, de telles conquêtes, à les supposer militairement exécutables, eussent-elles été autre chose que la répétition plus éclatante et plus funeste de la faute du Macédonien, de l’expédition dans l’Inde? Si l’on en juge par la con- duite de César en Bretagne et en Germanie, et par les actes de ceux qui furent les héritiers de sa pensée politique, tout porte a croire au contraire que, fidele à la doctrine de Scipion Emilien, au lieu de demander aux dieux l’exten— sion— du territoire de l'Empire, il n’eut souci que de le conserver intact. S’il voulut encore des conquêtes, il les voulut pour l’organisation meilleure des frontières , et cela, selon la mesure grandiose de son génie. ll voulut • |VII, p. 117. — Suet.—Jul. Gars. /i/i. — V. aussi Strab.] . ‘ Plut. Cass. 58.