Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/204

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de la vie humaine, dans la maturité féconde d’un heureux âge, et rempliront dignement l’immense cadre mesuré à un tel épanouissement.

Les lignes sont là, devant nos yeux, telles que César les a tracées pour son édifice, sur lesquelles il a lui-même bâti, sur lesquelles, suivant attentivement et pendant des siècles les jalons plantés par le grand homme, la postérité s’essaiera à bâtir à son tour, sinon avec le même génie et la même énergie, du moins avec l’aveu et les intentions du maître. Bien peu est achevé : beaucoup est préparé. Le plan était-il complet ? Pour en décider, il faudrait l’audace d’une pensée rivale : dans ce qui est là devant nous, où trouver une lacune de quelque importance ? Chaque pierre posée en dit assez pour immortaliser l’ouvrier : les fondations accusent un ensemble plein d’harmonie. César n’a régné que cinq ans et demi, moitié moins de temps que le grand Alexandre : il n’a pu séjourner. que 15 mois en tout dans la capitale, durant les intervalles de ses sept grandes campagnes[1] ; et pendant ce court délai, il a su organiser les destins présents et à venir du monde, posant ici les frontières entre la civilisation et la barbarie, là ordonnant la suppression des gouttières donnant sur les rues de la capitale, trouvant assez de loisir et de liberté d’esprit pour suivre les concours poétiques du théâtre, et pour remettre en personne la couronne au vainqueur, avec son compliment improvisé en vers[2] . La rapidité, la sûreté de l’exécution, témoignent

  1. 49 av. J.-C.
    47.

    46.
    45-44.
    César vint a Rome en avril et décembre 705, n’y restant chaque fois que peu de jours : il y séjourna de septembre à décembre 707 [après la fondation de Rome, note Wikisource] : il y resta quelque chose comme quatre mois pendant l’automne de l’année 708 (année de 15 mois) : enfin, il y demeura jusqu’à sa mort, d’octobre 709 a mars 710 :
  2. [Un historien moderne, M. Merivale (history of the Romans under the Empire, London, 1850, t. II, p. 403), fait la même remarque et regrette de ne pouvoir suivre la chronologie des plans et des créations politiques de César « cette étude serait, ajoute-t—il, profondément intéressante : on aimerait à voir l’idée première