Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/233

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LITTÉRATURE 'Z2l bon marché. La librairie devint une profession considérée ` et productive: on se donnait rendez-vous entre gens ins- truits dans la boutique du marchand; Lire était une mode, · une manie. A table méme, à moins qu’on ne s’y livrat a L de plus grossiers passe-temps, une lecture était faite d'ordinaire; et quiconque s’en allait en voyage, n’oubliait· _ pas d’avoir dans ses bagages une bibliothèque portative. Au camp, sous la tente, l’officier superieur avait à son chevet quelque roman grec de morale lubrique; au sénat, I Y V c’était'un traité philosophique que l’_on voyait aux cotés . de l’homme d’Etat. Bref, il en était dans l’Empire Romain ` ` comme il en a été, comme il en sera toujours dans tout ` empire où les citoyens lisent « du seuil de la porte à la garde-robe! S> Et le vizir Parthe avait bien raison quand, montrant aux habitants de Séleucie les romans trouvés _ dans le camp de Grassus, il leur demandait sic’était là ` de bien redoutables adversaires que les lecteurs de tels livres Lt ' · Les penchants littéraires du siecle n’étaient point sim- comiques `ples et ne pouvaient l’être, le siecle se partageant lui- “ “‘°d°"‘°°‘ , même entre la science ancienne et la nouvelle. De même que dans la politique, les tendances nationales et italiennes ‘ des conservateurs, les tendances helléniques et italiennes, _ ,_ ou si l’on aime mieux , cosmopolites des monarchiens · · . nouveaux sont en lutte ouverte, de même les idées litté- ' _ raires ont leurs batailles. Les uns s’appuient sur la vieille · latinité qui revêt décidément le caractere classique au ` théâtre, dans l’école, dans les recherches de l’érudition. Si ‘ le goût a baissé, l’esprit de parti est plus énergique qu’au· · ‘ [« Surena leur produisit `les livres impudiques d’Aristides, qui sont intitulés les Milesiaques, qui n’était pas chose faussement · supposée, car ils avoient été trouvez et pris entre le bagage d’un, ' Romain nomme Rustius : ce qui donna grande matiere a Snréna de se moquer fort outrageusement et villainement des- mœurs des Romains, qu’il disoit etre si désordonnez que en la guerre mesme · ils nese pouvaient pas eonteuirde faire et de lire telles villenies, » — Plut. Grass. 32 (trad. d’Amyot).] `