Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/47

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s’y refusa net, aimant mieux, sans coup férir, laisser tomber au pouvoir de la monarchie l’asile supreme des républicains, que de déshonorer par un meurtre en masse les derniers jours de la république. Moitié par l’ascendant de son autorité, moitié par le sacrifice généreux de sa fortune personnelle, il arrête les fureurs d’une soldatesque déchaînée déjà contre les malheureux habitants d’Utique ; à ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas s’en remettre à la clémence de Cesar, il procure les moyens de fuir; ‘à ceux qui restent il procure les moyens d’une capitulation , la moins désastreuse qui soit possible: puis, quand il s’_est assuré qu’il ne peut plus être utile, il se tient pour déchargé de son office, il se retire dans son cubiculum, et se perce le sein de son épée L .

Des autres chefs qui restaient, bien peu s’échapperent. Les cavaliers qui avaient fui du champ de bataille allerent donner dans les bandes de Sittius, qui les tua ou fit captifs : Afranius et Faustus Sylla furent livrés à César, et comme il n’ordonnait point leur exécution immédiate, les vétérans s’insurgerent et les taîllerent en pieces. Métellus Scipion (VII, p. 466, 309}, le général en. chef, tomba de méme, avec la flotte de la faction vaincue, au .

Il faut lire dans Plut. (Cat. min. 58 et 59. — cf Dio 44, 10-11. , ` - App. Bell. civ. 2, 98-99), et dans le journal de Bell. afr. _ 88) le récit de cette mort tragique. Elle a _une incontestable grandeur. Cet homme qui, désespérant de sa patrie, met ordre à ses affaires, publiques et privées, prend soin de faire embarquer tous ceux pour les jours desquels il peut craindre; puis qui se met tranquillement au bain, soupe, disserte avec son philosophe « sur la liberte du sage » , se couche, et, enfin, se tue après avoir lu le traité de Platon sur l’immortalité de l’âme, cet homme, dis-je, meurt en vrai stoïque. — Il ne fut pas un génie, sans doute,- et M. Mommsen le lui reproche aigrement; mais il fut un grand et noble caractère. Cicéron ne pouvait mieux faire que louer une telle mort (Tiisc, 1, 30. De 0//Z l, 31.- cf. Senec., ep. 24, 67, 71, 95.- S. Augustin lui oppose et·lui préfère celle de Régulus, qu’il trouve plus sublime. Cela est juste. La fin de Régulus n’est pas un suicide. (Aug. de Civil. Dei, 1, 24.) _ · , .’ ·