Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

52 ` LIVRE V, CHAPITRE XI _ lisation donnée. Oui, César n’est complet que parce qu’il `sut, mieux que tous, se placer en plein courant de son siècle : parce que, mieux que tous, il porta en lui l’acti— vité réelle et pratique du citoyen romain, cette vertu solide qui fut le propre de Rome. L’l1ellénisme, chez lui, n’est ` autre que l'idée grecque, fondue et transformée à la longue au sein dela nationalité italique. Mais c’est là aussi que git la difficulté, je pourrais dire l’impossibilité ` du portrait. ` L’artiste peut s’essayer à‘tout peindre, mais son effort s’arrête devant la beauté parfaite 2 de même pour l’bisto— rien, il est plus sage de se taire quand, une fois en mille 4 ans, il se trouve en face d’un type achevé. La regle est · chose qu’on peut exprimer, sans doute, mais elle ne nous donne jamais qu’une pure notion négative, celle de l’ab- sence du défaut : nul ne sait rendre ce grand secret de la nature, l’alliance intime de la loi générale et de l’indivi- ` dualité dans ses créations les plus accomplies! Heureux furent-ils ceux a qui il a été donne de voir la perfection face à face, et ceux qui l’ont reconnue sous le rayon · , _ éclatant, vêtement immortel des œuvres des grands hommes! Et pourtant, les signes du temps y ont aussi laissé leur empreinte ! Le Romain s’était porté au même échelon que son jeune et héroïque prédécesseur chez les Grecs: que dis—je, il le dépasse! Mais le monde s'était _ fait vieux dans l’intervalle, et son ciel avait pali. Les tra- vaux de Cesar ne sontplus, comme ceux d’Alexandre, une ~ joyeuse conquéte en avant dans un champ sans bornes: il lui faut batir sur les ruines et avec des ruines 2 si vaste ‘ que soit la carrière, encore est-elle limitée, et il lui faut _- ' l’accepter telle, s’y comportant et s’y assu1·ant du mieux qu’il se peut. La muse populaire ne s’y est point trompée, et, délaissant le Bomain trop positif, elle a orné le fils de Philippe de Macédoine de toutes les couleurs dorées de la

poésie et de tout l’arc—en—ciel des légendes! C’est à égal

bon droit aussi que, depuis mille et mille ans, les nations