Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/86

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74 LIVRE V, CHAPITRE XI . son averiement : il se montre nettement et en ·toute forme Ie monarque, le Roi de Rome. Il cst possible d’aiIIeurs, mais c'est là chose peu vraisemblable et de peu d’importanee, qu’il ait eu d’abord la pensée de donner à sa dignité nou- · . velle, non pasletitre d’enqn're, mais celui de royauté I. .. De son vivant dejà, bon nombre de ses ennemis, et aussi de ses amis, crurent qu'il visait a.se faire expressément nommer roi de Rome, et parmi ses partisans le plus ardents _ il s’en trouva qui de diverses manières et a des heures différentes lui mirent la couronne sous la main, Marc- · Antoine entre tous, étant eonsul, `lui offrit carrément le ·u¤v.J.·c. diadême devant le peuple assemblé (45 février 710, jour des Lupercuies).

  • [Sur ce point, on peut débattre, mais ce qu'on ne saurait ad- '

mettre, c’est qu’il ait jamais songé à troner dans Rome à titre d'Im-_ · perator, ue prenant qu’au dehors le titre de roi des non-Romains. Cette opinion s’appuie sur un unique récit. Dans la séance du sénat où il fut assassiné, un pretre d’oraele , _lucius Cotta, aurait rapporté une prophétie sibylline, aux termes de laquelle « les Pa1·thes ne pouvaient etre vaincus que par un roi. n Ensuite de quoi on aurait du mettre aux voix la collation du titre royal à César, dans les provinces romaines. Ce récit, à la vérité, circula dans " Rome, immédiatement apres sa mort. Mais disons bien vite qu’il ne trouve nulle part sa contirmation, meme de seconde main ; que, _ de , plus, il est expressément tenu pour faux par un contemporain, · Cicéron (dc divin., 2, 54); que les historiens postérieurs, Suetone notamment (Cœs. 79) et Dion (44, l5), ne le mentionnent que _ ' comme un bruit dont ils sont loin de se porter garants; et qu’enfin

  • il ne gagne point en authenticité a se trouver relaté par Plutarque

(Gœsî 60, 64.-- Brut. IO) et par Appien (B. civ. 2, ll0)_: l’nn, selon _ . sa coutume, le donnant à titre d’anectlote, et. l’autre l’arrangeant en fait à sensation sans plus de preuve. Outre que rien ne l’atteste, ce détail est au fond impossible. Oublions; si I’on veut, qu’avec son génie et son tact politiques, Cesar n’était point homme a jouer le. ' ·jeu des petits oligarques, a trancher les grandes questions a l'aide de la machine·à oracles, encore est-il inadmissible qu’il·ait, pu songer a diviser, dans Ia forme et dans le droit, ce vaste Etat sur . lequel il passait le niveau. [Lucius Aurclius Gotta ou Gaius Aur. ‘ _C0tla, ie quinddccmvir, qui serait venu preter à Cesar l’appui d’une prétendue prédiction sybilline, était probablement _l’un des freres _ ' d’Aurelia, et par conséquent l’oncle maternei du dictateur. (Suct. Cœs. 70. Cie. de divin. 54, t00). II avait été l'auteur de la Loi ' 70, des .luridicti0n.s,` de 684 (VI, p. 242).] ,