Page:Monselet - Charles Monselet, sa vie, son œuvre, 1892.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
93
SA VIE, SON ŒUVRE

Pressé de gagner immédiatement un peu d’or, j’ai exhibé une de mes idées à Anténor Joly. Je dis mes parce que celle-ci appartient à Rétif de La Bretonne. C’est la généalogie des hommes célèbres. Anténor en a été ravi. Je fais en ce moment la généalogie de Chateaubriand qu’il ira aussitôt placer dans quelque journal grand format auquel il en promettra une par quinzaine, pourvu que je signe d’un pseudonyme qui fasse croire à un homme célèbre, et que je garde pendant quelque temps le secret.

Voilà pour Anténor Joly.

Pour ta Revue des Deux Mondes, c’est tout simple et extrêmement flatteur. L’imprimeur de l’Artiste m’a dit que M. Buloz désirait me parler et me priait par conséquent de passer au bureau de la Revue, faubourg Saint-Germain. Je m’y suis transvasé hier ; je n’ai point vu M. Buloz, mais deux rédacteurs principaux, MM. de Mars et Geoffroy, qui m’ont demandé l’honneur de ma collaboration et prié de leur apporter ce que je voudrais. — Je verrai à leur tailler une nouvelle dans le granit de mon génie.

J’ai été hier voir le Salon.

Salvator m’a conduit derechef chez Augustin Thierry où j’ai causé avec un poète, Ulric Guttinguer, vieux, gras et orné de cinquante mille livres de rente.

Dimanche, j’ai été manger des crêpes chez la mère de Joël. J’ai fait une crêpe. Elle est tombée sur le tapis ; mais je soutiens qu’elle était faite. J’ai raté l’autre. Écoute bien ceci :

J’ai encore tardé à t’écrire cette fois. Mais je ne tarderai plus. Décidément, à partir de demain jeudi, je recommence mon journal intime, et quel journal intime !

Tous les dimanches, je le mettrai à la poste.

Gare maintenant !


Jeudi 18 mars 1847. — Je vais voir avec Joël les funérailles de M. Martin du Nord. — Visite à l’Artiste et légère causerie