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Voici le premier de ces billets : il sent son Brillat-Savarin :

3 mai 1872.
Mon cher Silva,

Le mois de mai est bien insuffisant comme nourriture. Tout y est menu, menu…

Puisque cependant tu désires quelques indications, voici à choisir :

Potage printanier aux œufs pochés :

Sole au gratin ou langouste :

Carré de veau aux petits pois, ou jeune poulet rôti et petits pois à part et au lard :

Soufflé au riz à la vanille, ou crèmes frites ou fromage à la crème ;

Fromage de Chester.

Voilà, cher ami. Tire ailes ou pattes de ce squelette de menu.

À toi et à six heures et demie,
Charles Monselet.

P.-S. — J’allais oublier quelques fraises, çà et là, pour le plaisir des yeux.

2e P.-S. — Ah ! les cèpes ! À approfondir.


L’autre fait plutôt penser à la Correspondance de Voltaire :

Lundi.
Mon cher Millaud,

Voici, en même temps que ma chronique, l’Almanach des Gourmands que Mlle Blanche[1] a bien voulu désirer. C’était le dernier exemplaire qui restât chez l’éditeur. S’il se lui présenté en ce moment un acheteur, j’aurais été obligé de mettre l’épée à la main, comme pour le dernier exemplaire du Diable Boiteux.

Mlle, Blanche trouvera le nom de son père inscrit au Panthéon gastronomique par un estomac reconnaissant.

En fait de reconnaissance, vous savez, mon cher Millaud, que depuis longtemps chez moi l’estomac avait été devancé par le cœur.

À vous,
Charles Monselet.
  1. Mme Blanche Silva.