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CHARLES MONSELET

» Je lui écrivis donc pour solliciter un rendez-vous, qu’il s’empressa de m’accorder.

» Sa lettre, que je viens de retrouver, est écrite d’une haute ci belle écriture, et fermée d’un cachet de cire où l’on voit une croix surmontée du mot : Credo.

» Elle est ainsi conçue :

Paris, 3 février 1854.
Monsieur,

J’ai eu en effet l’honneur d’être l’ami de M. Ourliac, mais seulement dans les dernières années de sa vie. En d’autres temps, M. Gérard de Nerval et M. Houssaye l’ont mieux connu. Si vous voulez prendre la peine de passer chez moi samedi (demain) ou lundi prochain, de trois heures à six. vous me trouverez tout à votre service pour le peu que je sais.

Agréez, monsieur, mes salutations très empressées.

Louis Veuillot,
44, rue du Bac.

À M. Charles Monselet.


» On remarquera dans cette lettre — ou plutôt dans ce billet — une certaine tendance à me prémunir contre l’abondance de renseignements à laquelle je pouvais m’attendre. En me renvoyant obligeamment à Gérard de Nerval et à Arsène Houssaye, qui, selon lui, l’avaient mieux connu en d’autres temps, il établissait nettement une distinction entre les deux moitiés de la vie d’Ourliac, la première mondaine, la seconde religieuse. M. Louis Veuillot entendait ne m’éclairer que sur la seconde. Je ne lui en demandais d’ailleurs pas davantage. J’avais suffisamment de documents sur la première.

« À cette époque, on ne connaissait pas encore les reporters ; je fus accueilli sans défiance par M. Louis Veuillot. Je vis en lui mi homme moins laid qu’on me l’avait annoncé (on me trouvera sans doute bien coulant sur le chapitre de la laideur), revêtu d’une robe de chambre noire, simple sans affectation de simplicité. Pendant une demi-heure, nous causâmes