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SA VIE, SON ŒUVRE

Sitôt guéri, l’enfant fut vite à l’école — mais la véritable école de Charles Monselet demeura l’arrière-boutique paternelle : ce fut là que sa curiosité s’éveilla.

« Cette éducation première mérite d’être rappelée, non pas pour la frivole satisfaction des amateurs d’anecdotes, mais parce qu’elle donne en grande partie la clef des travaux et du talent de Monselet… » a écrit M. Gustave Isambert dans le journal le Temps (21 mai 1888).

« … Le jeune Monselet — ajoute-t-il — fouillait avec délices dans cette arrière-boutique, secouant la poussière qui ternissait la tranche rouge des bouquins démodés, et ne se lassant pas d’aller à la découverte. Il mettait la main sur des choses fort disparates et de valeur très inégale ; c’était de la philosophie, des contes, des petits vers, des brochures dont l’obscurité entraînait à la recherche des circonstances qui les avaient provoquées, des romans qui avaient eu leur moment de grande vogue, et qui n’avaient point laissé de trace dans les mémoires, dont les auteurs même, bien souvent, étaient redevenus des inconnus pour les lettrés les mieux informés… Il est superflu d’insister sur ce point que, en faisant ainsi sa pâture d’une quantité d’auteurs que personne ne lisait ni ne feuilletait alors, il s’acheminait naturellement à la conception de quelques-uns de ses ouvrages les plus connus et les plus loués… Le talent d’écrivain de Monselet, sans acceptation des sujets variés auxquels il l’a consacré, s’est ressenti par-dessus tout de ce commerce familier et un peu désordonné de sa prime jeunesse avec ce xviiie siècle où l’on trouvait de la grâce et d’aimables façons de dire jusque dans les farces de la foire. »


Il m’a semblé curieux, à mon tour, de rechercher quels étaient les livres que possédait la bibliothèque de la place Graslin, et quelles avaient pu être, par conséquent, les premières lectures propres à frapper l’imagination d’un enfant déjà voué aux lettres.