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SA VIE, SON ŒUVRE

bibliothèque : on lui fit entrevoir vers la fin la bibliothèque de la préfecture de police et celle du ministère de l’intérieur

— où s’étaient succédé Alfred de Musset, Prosper Blanchemain et Édouard Fouruier. Hélas ! comme a dit M. Emmanuel Arène, il se produisait bien de temps à autre quelque vacance, mais il y avait toujours quelque danseur à caser.

Il ne faut donc pas reprocher à Monselet son imprévoyance

— pas plus qu’il ne lui faut reprocher — comme on l’a fait — de ne laisser aucune œuvre après lui : son bagage est assez considérable pour qu’il soit possible d’y faire un choix — et le temps n’est pas éloigné où la Société des amis des livres jettera les yeux sur M. de Cupidon.

Enfin on a comparé maintes fois Charles Mouselet à Chaulieu, à Rivarol ou à Chamfort, égarés dans notre siècle. Il est déjà flatteur d’être égalé à ces petits-maîtres de l’esprit du siècle dernier, — mais Chaulieu, à qui l’Académie refusa ses portes — était un de ces petits abbés, coureurs de ruelles et faiseurs de mots, n’ayant ainsi de l’esprit que le libertinage et ne laissant après eux qu’un bagage d’épigrammes. Il en est de même de Chamfort — et aussi de Rivarol, qui ne fut, à vrai dire, qu’un homme de lettres danslapeau d’un aventurier. Pour moi, sibesoin est de comparaison, j’évoquerais plutôt le souvenir de Champcenetz

— le collaborateur de Rivarol — c’est à cette collaboration qu’on doit le Petit Almanach de nos grands hommes, — mais d’un Champcenetz après correction, du chevalier de Champcenetz, « gros garçon joufflu et pansu », qui avait pour compagnon de plaisir — quelques-uns disent de débauche — un descendant réel de Louvois, le grand ministre de Louis XIV ; de ce Champcenetz enfin qui a rimé entre autres ce joli couplet :

De Louvois suivant les leçons,

Je fais des chansons et des dettes ; Les premières sont sans façons,

Mais les secondes sont bien faite-.