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SA VIE, SON ŒUVRE


La Bédollière, les Deligny, les Baroilhet, les Calonne et les Hoffmann, — sans compter le Dubochet de l’Illustration, qui ne m’a point reçu, — il eût été beaucoup plus simple de me tenir chez moi à finir en toute hâte mon feuilleton pour l’Époque, et qu’après tout Solar est une meilleure et une plus sûre recommandation. Bref, je me mets dans une telle fureur contre moi-même que, bravant la pluie qui tombe par torrents, j’enfourche mon babil et mon pantalon neuf, et je vais porter immédiatement à l’Époque… quoi ? Encore l’Aristide Flocheux.

J’ai la chance d’empoigner Solar, la chance de le faire lire, la chance de le faire rire. Il est émerveillé du Flocheux. On me promet l’impression dans quelques jours, et, ce qui est le plus joli de l’affaire, Vergniaud, le secrétaire, me dit en secret que, si j’ai des besoins pécuniaires, il les satisfera. Pour Solar, — il me dit de travailler comme une multitude de nègres.

Pour trois francs, je monte aux secondes du Théâtre-Francais. et je vois la Famille Poisson ou les Trois Crispin, comédie en un acte et en vers de Samson, et la deuxième représentation de les Spéculateurs, drame en cinq actes et en prose, longue banalité de MM. Durantin et Fontaine. — Provost est fort bon. Mlle Denain est jolie. Geoffroy, Mirecourt, Joanny, Maillard sont convenables.

J’ai oublié de te dire que ce matin, chez M. de La Bédollière, j’ai causé assez longuement avec Henri Monnier. C’est un gros homme de quarante-cinq ans, à lunettes, que j’ai pris, à première vue, pour un gentilhomme campagnard.


Mardi 30. — Vu la place Royale, on demeure le grand poète Hugo. Rencontre R***, qui depuis trois mois qu’il est à Paris, s’est heurté contre toutes les difficultés du début sans entrer dans aucun journal.


Mercredi. — Je commence une comédie en un acte et en vers pour les Français. Beau, comédie en un acte et en vers !