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CHARLES MONSELET


après le rédacteur littéraire du Siècle, qui, dit-on, est fort avenant, et qui, par conséquent, ne peut manquer de priser cette œuvre d’un si haut mérite.


Jeudi. — Voici les deux lettres que j’ai écrites ce matin, — l’une à M. Louis Desnoyers, directeur du Siècle :

Monsieur,

Voici déjà plusieurs jours que je me présente vainement au domicile de M. Chambolle, avec l’intention de lui remettre la lettre ci-incluse. Le sens de son contenu, plutôt que l’inutilité de mes démarches, m’oblige aujourd’hui à retourner contre vous, monsieur, mes importunités. Veuillez excuser, avec la bienveillance qui, dit-on, vous est habituelle, un jeune homme tombé depuis huit jours à Paris, et dont les vingt ans littéraires expliquent le désir bien naturel de s’accrocher aux branches touffues de l’arbre de la presse.

Quoique les employés de votre bureau, avec cette finesse d’odorat qui leur a fait distinguer un solliciteur, aient refusé de me faire connaître votre adresse, j’ai osé espérer, monsieur, que vous voudrez bien vous relâcher un peu de votre consigne en ma faveur et me faire connaître, par un mot de réponse, si je puis venir vous remettre le corollaire en trois feuilletons de la lettre de mon oncle.

Dans cet espoir, etc., etc.

L’autre, à M. Arsène Houssaye, directeur de l’Artiste :

Monsieur,

N’ayant le plaisir de vous connaître que par vos nouvelles et vos beaux Sentiers perdus, je désirerais d’autant plus vous exprimer de vive voix mes sympathies, que vous êtes directeur du premier journal littéraire de Paris et que mes vingt ans me démangent horriblement à la tête et à la main.

C’est donc un solliciteur en prose et en vers qui vient vous demander une lettre de recommandation auprès de vous-même. Arrivé de province depuis quinze jours, il apporte avec lui toutes les chances nécessaires pour y retourner avant peu de temps, si vous ne daigniez l’encourager dans sa première voie, vous, monsieur, qui avez l’heureux pouvoir de faire et de faire faire de belles choses.

Excusez la hardiesse et acceptez les salutations de votre dévoué servi leur, etc., etc.