Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/101

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se trouva près d’elle ; venez donc ! nous sommes perdues au milieu de cette cohue.

Irénée, implacablement suivi de M. Blanchard, cherchait un exorde.

— Qu’est-ce que vous avez ? lui demanda la comtesse ; est-ce la musique de ces butors qui agit sur vous ? Vous paraissez bouleversé.

— C’est que je crains une chose, dit-il en tâchant de sourire.

— Quelle chose ? dit Mme d’Ingrande.

— Je crains que vous ne regrettiez tout à l’heure de m’avoir appelé.

— Bah !

— Oui ; vous voyez devant vous un traître, un félon…

— Vous nous faites frémir !

— Un homme qui a trahi votre confiance, ajouta-t-il en démasquant à demi son compagnon.

— Mais encore…

— Madame d’Ingrande, madame de Pressigny, je vous présente… monsieur Blanchard.

La sensation prévue par Irénée se produisit chez les deux sœurs, qui demeurèrent stupéfaites. M. Blanchard, tout à fait en lumière alors, prit la parole.

— C’est sur moi, mesdames, dit-il, que doit retomber toute votre colère, et je suis prêt à en supporter le poids. M. de Trémeleu a eu la main forcée, il vous l’apprendra plus tard. En attendant, je vous devais, je me devais à moi-même une restitution…

— Une restitution ? répéta Mme d’Ingrande froidement.

— Ne vous souvenez-vous donc plus ?… dit M. Blanchard.

Un louis brilla au bout de ses doigts. Mme d’Ingrande sourit malgré elle.

— M. de Trémeleu avait eu raison de nous dire, monsieur, que vous arriviez toujours à votre but.

Ces mots avaient été prononcés par la marquise de Pressigny. M. Blanchard s’inclina profondément devant elle et répondit :

— Je ne croirai pas y être arrivé, madame, tant que je n’aurai