Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/112

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— Si votre thèse de tout à l’heure n’a d’autre valeur que celle d’un jeu d’esprit, ma proposition vous paraîtra toute naturelle et vous l’accueillerez comme la chose la plus simple du monde, comme une plaisanterie renouvelée de la Régence. Dans le cas contraire…

— Eh bien ?

— Votre courroux me donnera infailliblement raison, en ce sens qu’il réduira à néant vos affirmations et vos prétentions à la philosophie en matière de femmes.

— Au fait, monsieur.

— J’y arrive ; et la dernière phrase de ce préambule sera pour vous prier d’excuser ce que ma proposition contient d’un peu suranné et de théâtral…

Philippe Beyle cherchait à lire dans les yeux de M. Blanchard, dont le sang-froid l’irritait graduellement, mais lui imposait.

— Enfin, cette proposition ? dit-il.

— La voici. Je vous joue ce que vous voudrez, ce diamant, par exemple (il détacha une bague de son doigt), qui est magnifique et d’un prix royal ; je vous le joue à l’écarté ou à toute autre partie qu’il vous conviendra de choisir ; je vous le joue contre la Marianna.

Philippe se redressa comme par un choc d’électricité.

— Est-ce folie ou insulte, monsieur ? s’écria-t-il en faisant un pas.

M. Blanchard, par contraste, était demeuré immobile et souriant.

— Quand je vous le disais ? dit-il aux assistants stupéfaits.

Puis, s’adressant directement à Philippe, sans paraître comprendre son emportement, sans vouloir s’apercevoir de sa pâleur :

— Niez donc les femmes ! et voyez ce qu’elles vous font faire. Que j’ajoute un mot de plus, et vous allez me provoquer au sujet d’une femme ! et vous allez vous battre pour une femme ! Et supposons que je vous tue, c’est une femme qui aura causé votre mort !

Philippe Beyle le regarda pendant quelques secondes en